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Virus, système immunitaire et médecine chinoise

Dernière mise à jour : 24 déc. 2022

En cette période marquée par le nouveau coronavirus, il est utile, voire nécessaire de pouvoir compter sur notre système immunitaire pour combattre le nouveau pathogène. Au lieu d’attendre de l’avoir attrapé, mieux vaut préparer son corps à répondre à quelconque attaque. La médecine occidentale sait identifier les virus, les décortiquer et les réduire à leurs plus petits éléments afin de connaître leurs fonctionnements, leurs forces et faiblesses ainsi que leurs particularités. En médecine chinoise, il n’a jamais été question de cela. L’approche est tout autre. Le point de départ est la vitalité du corps. Celle-ci dépend du « vertueux», le souffle vitale qui lui est bénéfique. Le Cannon de l’Empereur Jaune, un livre datant de la période des Han de l’est (25-220 de notre ère) indique le rôle vital de ce : « si le vertueux est en suffisance à l’intérieur (du corps), alors le pathogène ne peut infliger de mal, son poison sera repoussé ». Il a un rôle de défense contre les attaques venues de l’extérieur comme les virus et il est donc important de le renforcer.


La médecine occidentale reconnaît l’action de notre système immunitaire par exemple lors d’une grippe, quand le malade souffre de fièvre. La hausse de la température est la réponse du corps à l’agent pathogène. La fièvre augmente le débit sanguin permettant ainsi d'améliorer le recrutement du nombre de lymphocytes dans le tissu lymphoïde. En Chine, il y a environ 2000 ans, dans le chapitre 30 du Língshū, l’un des deux tomes du livre précédemment cité, il était déjà question de ce procédé physiologique, expliqué dans un échange entre l’Empereur Jaune et son maître Qí Bó: l’Empereur Jaune demande « Comment la douleur survient-elle? Pourquoi? Et d’où vient son nom? Qí Bó répond: Le vent, le froid et l’humidité se mélangent et s’invitent dans les espaces intra-musculaires, ils les pressent et les écartent de sorte qu’une écume se forme; sous l’influence du froid, cette écume se rassemble et mène à l’écartement des espaces intra-musculaires qui se fendent; ce craquèlement  provoque la douleur; la douleur apparaît et le shēn arrive (à l’endroit de la douleur); le shēn présent, la fièvre fait son apparition; avec la fièvre la douleur s’efface ». Là où arrive le shēn (la conscience), c’est le qui arrive, et plus précisément le yáng qì, ou le défensif, celui qui est la première ligne de défense de notre corps contre les invasions externes.


Qu’est-ce que ce défensif et comment procède-t-il? De manière très succincte, et selon la vision physiologique en médecine chinoise, la rate reçoit de l’estomac de la nourriture qu’elle sépare en une partie dite « claire » (l’aspect nutritif) et l’autre « turbide » (non-assimilable). La partie « claire » des aliments est utilisée pour nourrir le corps (organes, muscles, os, etc), distribué grâce à l’action des poumons. La partie turbide des aliments peut être utilisée par le défensif pour défendre le corps aux endroits où les pathogènes attaquent.


Bien sûr, cette explication ne reste que partielle pour comprendre la capacité du corps à réagir à une agression puisque d’autres forces jouent un rôle important comme le originel (acquis de nos parents) ou le externe amené par les poumons et fixé par les reins, ou encore l’état fonctionnel des organes. Nous voyons donc ici beaucoup de pistes pour renforcer un système immunitaire selon les forces et les faiblesses de chaque individu.


L’émergence et la propagation du nouveau coronavirus, ainsi que son ampleur, ont de toute évidence pris le monde par surprise. Mais cette situation, malheureusement, ne devrait pas être pensée comme une occurrence unique et sans lendemain. Les épidémies ont fait partie de l’histoire humaine depuis toujours, les virus étant des organismes vivants. En Chine, un des classiques de la médecine chinoise, le Shānghán Lùn (Traité des blessures dues au froid), est d’ailleurs né dans un tel contexte. Son auteur, Zhāng Zhòng Jǐng, voulu expliquer la mort d’une large partie de sa famille lors d'une épidémie. Vers la fin de la période des Míng (1368-1644), Wú Yòukě dans son texte « Discussion sur la chaleur épidémique », décrit le phénomène comme l’apparition d’une sorte de qì anormal qui ne correspond pas à la saison. Par exemple un froid tenace lors d’une saison normalement chaude. Ou, comme dans le cas du nouveau coronavirus, une période de réchauffement lors d’une saison froide (situation prévalante à Wuhan aux prémices de l'épidémie de coronavirus) Ce temps anormal est ce qu’il nomme un qì pestilentiel. Celui-ci attaque les personnes âgées et jeunes, forts ou faibles, sans distinction. Il se répand par « contact », entre dans le corps par la bouche et le nez. Avec les changements climatiques, le risque d’une recrudescence d’épidémies n’est pas à écarter. Trouver rapidement des vaccins pour chacune d’elles restera un défi, comme c’est le cas aujourd’hui pour le nouveau coronavirus et comme cela a été le cas pour le SIDA, pour lequel aucun vaccin n’existe encore.


Bien sûr, il ne s’agit pas ici de décrédibiliser une médecine moderne scientifique. Au contraire, l’intégration des connaissances des deux différentes médecines est un atout indéniable. En Chine, l’Agence de Santé gouvernementale a d’ailleurs, intégré la médecine chinoise dans son « Protocole de diagnostic et de traitement du COVID-19 » au fil de l’épidémie (voir mon post précédant sur le sujet). Ce que permet la médecine chinoise, dans ce contexte, est une approche plus englobante de l’individu, tant au niveau de la prévention que du traitement, et qui ne nécessite pas, pour fonctionner, la connaissance microscopique d’un virus. Les modes thérapeutiques de la médecine chinoise comme l’acupuncture, les herbes chinoises ou les exercices de santé notamment, sont des outils qui permettent une approche individuelle répondant aux besoins spécifiques de chacun.

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